Imaginez un consultant vous proposant un candidat psychopathe narcissique et machiavélique. Votre réaction serait-elle de le considérer comme une perle rare, un ‘talent’ à embaucher immédiatement? Sans doute votre réponse serait non, mais peut-être avez vous tord après tout. Selon une étude, la psychopathie à un niveau clinique est trois fois plus élevée au sein des conseils d’administration que dans la population générale. Intéressant non? Une autre étude menée sur quinze ans a montré que les personnes à tendances psychopathe et narcissique gravitent en général au sommet des organisations et gagnent davantage d’argent que les autres. De mieux en mieux. Pourtant, le psychopathe est égocentrique, dur, cruel, sans foi ni loi voire malhonnête, le narcissique plutôt imbu de sa personne, égoïste au charme vénéneux et assez irréaliste sur lui-même, le machiavélique, manipulateur, impitoyable, calculateur et impulsif. Ça fait beaucoup non? Oui vous avez sans doute raison. Mais alors écoutez ce qui se dit dans les couloirs de l’entreprise au sujet de ceux qui réussissent ? « Il est dur en affaires, c’est un tueur », « il a bien calculé son coup, ils n’ont rien vu venir et ont du accepter », « quel charmeur, il les a bien embobiné avec son discours ». Bigre , cela signifie -t-il qu’il faut revoir les manuels de management et jeter aux orties nos comportements altruistes, la coopération, l’empathie pour réussir ? En fait ces troubles de la personnalité ont aussi une face positive. Ce sont aussi des personnes plus ouvertes que les autres aux expériences nouvelles, ils font preuve de plus de curiosité et d’extraversion nourrie par une forte estime de soi, ils n’ont pas de doute. Ils osent « c’est même à ça qu’on les reconnait » comme dirait l’autre. Cela fait d’eux des compétiteurs sans limite capables d’écraser les oppositions. Attendez! C’est plutôt bon pour la performance de l’organisation ça non? La question n’est pas triviale mais la réponse est négative ( soupir de soulagement du lecteur). Pourquoi? En fait ces personnalités ne recherchent pas la performance collective mais leur réussite personnelle, leur carrière. Ils la développent au détriment du groupe, de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Ils génèrent de surcroît des comportements délétères dans leur environnement et chez leurs collaborateurs qui plombent l’efficacité collective et peuvent aller jusqu’à des actes délictueux. Vous trouverez certainement des exemples. Regardez bien. Surtout dans les organisations où se développent les phénomènes de cour, où le management se fait vers le haut, où le besoin de séduction, le désir de plaire deviennent les moteurs de l’action individuelle. Alors tous psychopathes? En fait nous portons tous en nous de manière plus ou moins forte ces traits de personnalité, nous sommes tous un peu égocentrique, un peu narcissique, un peu manipulateur. L’important c’est justement ce « peu » qui est important. La modération dans ces domaines est mère de toutes les sagesses. Y être attentif pour soi et pour les autres permet d’éviter de devenir….. fou.